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Urban Fantasy et transmédia : les oeuvres phares
Par Alex Moon
15 min
24 août 2024
Après un premier dossier centré sur la découverte de l'urban fantasy, l'équipe de Syfantasy vous propose de s'intéresser d'un peu plus près à ce sous-genre trop peu exploité de la fantasy classique.
Mais d'abord, un petit rappel rapide, c'est quoi l'urban fantasy ? Il s'agit d'un sous-genre de la fantasy dans lequel la magie, les créatures fantastiques et le merveilleux (au sens large du terme) se manifestent dans notre monde entre le XIXe et le XXIe siècle. Magie et technologie s'y côtoient donc souvent. Le genre se confond parfois avec celui de l'uchronie fantasy, dans laquelle l'histoire est réécrite tout en combinant des aspects typiques de la fantasy (Hellboy, Le Paris des merveilles...), de la gunpowder fantasy, qui est en réalité plutôt postmédiévale ou précontemporaine (napoléonienne ou western par exemple) et dans laquelle les mousquets et autres révolvers côtoient les incantations et les elfes (Chasing Graves, Ars Obscura, Les Poudremages...), ou encore avec l'arcanepunk, dont la série Arcane est un excellent exemple, et qui combine steampunk et magie.
Oui, les frontières sont poreuses ! Et comme lors d'un heureux jet de dés à la création d'une fiche de personnage dans un JDR, certaines oeuvres sont multiclassées !
Films, livres, jeux vidéo... les supports sur lesquels se déclinent l'urban fantasy sont multiples. Trop souvent confondue avec le cyberpunk ou le steampunk, révisons ensembles les codes de cette catégorie à part à travers différents médias : Livres, films, séries et jeux vidéo.
La saga “A comme Association” est une série de romans d’urban fantasy coécrite par Pierre Bottero et Erik L'Homme, deux grands noms de la littérature française de l’imaginaire. Composée de huit tomes, elle est publiée conjointement par Gallimard Jeunesse et Rageot entre 2010 et 2012. La série s'adresse principalement aux adolescents et aux jeunes adultes, mais l’humour des romans est adapté à tous.
Imaginez un monde où, en marchant dans les rues animées de Paris, vous pourriez croiser des créatures surnaturelles telles que des vampires, des trolls, ou des elfes, sans même le savoir. Ce monde est régi par l'Association, une organisation secrète qui veille à ce que la coexistence entre humains et êtres magiques reste harmonieuse et cachée.
Les agents de l'Association, comme Jasper (Erik L’Homme) et Ombe (Pierre Bottero), naviguent dans ce double univers avec aisance. Ils mènent des missions dangereuses pour réguler les interactions entre les deux mondes, résolvant des mystères, affrontant des menaces surnaturelles, et protégeant les innocents.
Les lieux ordinaires comme les cafés, les lycées, ou les stations de métro peuvent se transformer en scènes de batailles épiques ou en repères de créatures fantastiques. Les sorts, les artefacts magiques, et les portails vers d'autres dimensions ajoutent une couche supplémentaire de mystère et de danger. Chaque coin de rue peut cacher une porte vers l'inconnu, chaque rencontre fortuite peut devenir une aventure. Dans cette saga, personne n’est à l’abri d’une surprise.
La double plume offre une richesse que les romans plus classiques ne peuvent pas avoir : chaque auteur retrace l'histoire de son propre personnage, avec Erik L'Homme pour Jasper et Pierre Bottero pour Ombe. Ainsi, chaque tome est écrit par l'un des deux auteurs, permettant d'alterner les points de vue en fonction des livres et des missions, enrichissant la narration et offrant une perspective unique sur l'intrigue.
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| Dans les jeux vidéo
Coffee Talk Le "comfort game"
Dans ce jeu narratif, développé par le studio indonésien Toge production, on incarne le barista d’un café dans un univers d’urban fantasy, où orcs, elfes et autres créatures de l’imaginaire coexistent dans une réalité assez proche de notre monde contemporain. Le soir venu, certains d’entre eux poussent la porte de votre établissement et viennent s’asseoir au comptoir pour commander une boisson, mais aussi pour discuter un peu. Il y a Jorji, un policier local et l’un de vos seuls clients humain, Gala, un loup-garou qui travaille au service de nuit de l’hôpital du coin ou encore Hyde, un vampire mannequin cynique et désabusé.
Le jeu se présente comme un mélange de visual novel et de puzzle, ainsi il vous faudra d’abord avoir une conversation avec votre client et déduire de ses paroles (qui se montreront plus ou moins explicites sur le sujet) ce qu’il souhaiterait boire. À vous maintenant de préparer la boisson idéale avec ce qui se trouve dans votre cuisine. Chaud ou froid ? Amer ou sucré ? Un nuage de lait ou une touche de miel ? Vous allez devoir assembler les bons ingrédients, dans le bon ordre, afin de réaliser la commande. Des combinaisons qui vous permettront de créer plus de cinquante breuvages différents. Une boisson réussie c’est un client satisfait et un client satisfait est plus enclin à discuter. Écoutez ce que les noctambules du café ont à dire, donnez-leur votre avis (parfois), rassurez-les (souvent) et voyez comment une simple soirée dans votre établissement peut changer leur vie !
Coffee Talk est un petit bijou pour les amateurs de visual novel et d’énigmes cosy. Avec son univers d’urban fantasy très chouette et son pixel art à croquer, il est servi par une histoire sincère, bienveillante et intrigante. Si la mécanique peut sembler répétitive, le jeu dure juste ce qu’il faut pour ne jamais être lassant et son scénario est suffisamment bien ficelé pour maintenir les joueurs en haleine jusqu’à la fin.
Shadowrun : le tactical cyberpunk à la sauce Fallout
Shadowrun c’est d’abord un jeu de rôle papier sorti en 1989, qui fantasmait un futur à la fois magique et cybernétique, où les elfes étaient des magnats de grandes corporations et les gobelins de fantastiques hackers. Le jeu à contribué à la diffusion et au succès du cyperpunk et de l’urban fantasy en son temps. Après six éditions de JDR papier, la licence revient sous la forme d’un jeu vidéo en 1993. Dans ce RPG, on incarne Jake Armitage, nommé ainsi en l’honneur du Neuromancien de William Gibson. Le jeu sera suivi de deux suites, puis s'essoufflera totalement avec la sortie d’un jeu de tir tout au plus passable.
Enfin, la licence retrouve son public en 2013 avec Shadowrun returns, qui sera suivi de Shadowrun Dragonfall (un DLC) et de Shadowrun Hong Kong. Il s’agit d’un RPG tactique dans lequel on incarne un shadowrunner, un mercenaire, dont l’alignement sera guidé par les choix du joueur. Le jeu se déroule à Seattle, en 2050, et dispose d’une ambiance unique mêlant humour noir, énigmes cybernétiques et combats au tour par tour. Comme dans tout bon RPG, notre personnage principal est accompagné d'alliés, temporaires ou permanents, certains d’entre eux devant même être payés pour accepter de nous suivre. Le choix de l’urban fantasy renforce ici les possibilités de gameplay, la race des personnages influe ainsi sur leurs caractéristiques tout autant que leur classe : un orc sera bien plus fort qu’un humain, mais ça ne l’empêchera pas de devenir Decker, un pirate informatique.
En plus d’offrir un scénario bien ficelé, avec une ambiance à la Blade Runner, le jeu (même aujourd’hui) est plutôt joli et bourrés de rebondissements. Romance, trahison, choix multiples, objets qui influent sur les capacités du personnage en dehors des combats… Le jeu proposait de nombreuses mécaniques qui sont devenues la norme aujourd’hui.
Ce petit bijou est disponible sur GOG, dans un pack réunissant ses trois itérations et bourré de bonus sympathiques, dont la bande son : qui porte véritablement l’âme de cet univers. Si vous ne connaissez pas Shadowrun c’est le moment de découvrir ce monument de l’urban fantasy !
Carnival Row : Delevingne et Bloom incarnent la magie
La république humaine de Burgue pourrait ressembler à notre Londres victorienne, à ceci près qu’elle comporte un ghetto réservé aux êtres féériques et mythologiques : Carnival Row. Baptisés de manière insultante “les Critchs” par les humains, les non-humains (fées, faunes, centaures et autres) sont victimes de ségrégation et d’ostracisation. Alors qu’il tente d’élucider une série de meurtres qui frappent la communauté des Critchs, Rycroft Philostrate, un jeune inspecteur, tombe sur Vignette : une fée qu’il avait connue lorsqu’il était soldat dans l’Alliance et pour qui il éprouve toujours de forts sentiments. Tandis que l’enquête va les amener à réchauffer leurs vieux souvenirs, d’autres troubles agitent la cité : complots politiques, luttes raciales et rancœurs ancestrales tissent une toile complexe, qui pourrait mettre en péril le fragile équilibre assurant le maintien de la paix entre les peuples.
Cette série télévisuelle disponible sur Prime vidéo est l'œuvre de René Echevarria (Les 4400, Teen Wolf) et Travis Beacham (Pacific Rim, Electric Dreams). Ici, et comme souvent, le choix de l’urban fantasy sert à aborder des thèmes tels que le racisme et les inégalités sociales. L’ambiance victorienne, l’excellent casting et la qualité des décors et costumes donnent un cachet tout particulier à la série. L’univers est crédible, tout comme les émotions qu’il véhicule.
Malheureusement, la saison 2 lui fera perdre de sa superbe : d’abord retardée à cause de l’épidémie de Covid, l’histoire s’empêtre dans des sous-intrigues trop nombreuses et pas toujours très bien amenées et ses effets spéciaux sont nettement moins convaincants. Son dénouement laisse aussi les téléspectateurs un peu froids, tant il use et abuse des clichés du genre et de facilités scénaristiques.
Néanmoins, il faut reconnaître à la série Carnival Row qu’elle a su porter le genre de l’urban fantasy auprès du grand public. Espérons que, s’il y a bien une saison 3, elle donne matière à relever le niveau de l'œuvre.
Bright : deux flics et une baguette magique !
Will Smith enfile l'uniforme de policier dans ce film où toutes le créatures de fantasy cohabitent. Ce film reprend tous les codes de la fantasy engagée tout en nous plongeant dans un univers profond qui donne envie d'y replonger.
Les orques étaient les serviteurs d'un seigneur des ténèbre qui a failli détruire le monde. Depuis sa défaite, ce peuple a retrouvé sa liberté, mais ils sont discriminés et traités comme des sous-êtres. On reconnaît de nombreuses référece au racisme et à la ségrégation subie par les afro-américains, avec un soupçon de magie en plus.
L'histoire quant à elle concerne un flic rejeté pour avoir perdu son partenaire lors d'une mission. Ce dernier se voit affecté une jeune recrue, le premier orque à devenir policier. La collaboration s'annonce laborieuse, mais pour arranger tout ça, ils tombent sur une baguette magique que seul un Bright peut tenir sans exploser. Ces êtres peuvent s'incarner en n'importe qui et le seul moyen de savoir si on en est un, c'est de survivre à la baguette. Avec l'objet magique, ils trouvent une jeune elfe qu'ils décident de protéger.
Une course poursuite s'engage alors que les deux policiers et leur protégée essaient d'échapper à des elfes maléfiques, des gangs et des policiers corrompus. C'est l'occasion de découvrir une Los Angeles totalement remodelée à l'image de cet univers. Les quartiers cosmopolytes sont un théâtre parfait pour rencontrer des centaures, des lutins et autres fées (des nuisibles chassés à coup de poêle).
A la fois riche, drôle et puissant, cet univers nous promet une vision singulière mêlant fantasy et réalité, un beau point d'entrée vers l'Urban Fantasy !