La réédition des œuvres de Junji Itô continue sa croisade horrifique chez Mangetsu. Après le succès du premier Zone Fantôme, voilà qu’un deuxième volume vient compléter les derniers récits en date du maître, jusqu’à alors inaccessibles chez nous !
L’aventure éditoriale de l’éditeur approche doucement de la complétion absolue, puisqu’il ne restera après ça presque plus un seul ouvrage du maître qui ne soit pas disponible sur nos vertes contrées (on vous rassure, on attends encore Fragments d’Horreur pour début juillet, puis l’Ecole Décomposée) ! Mais alors, que valent les derniers récits en date de Junji Itô ?
Que vaut Zone Fantôme T2 ?
Les quatre nouvelles, d’une longueur proche du premier recueil, synthétise une nouvelle fois la maîtrise d’Ito à traiter d’une forme d’horreur venue des tréfonds de la banalité. Ne soyez donc pas surpris quand vous assisterez à l’apparition d’un démon fait de poussière, de tortues dont la carapace reflète le visage d’âmes vagabondes, ou qu’un scientifique fou conçoit des machines au mouvement perpétuel.
L’horreur du quotidien est, après tout, l’essence même de son travail, et même si d’après ses propres aveux, il commence à tomber en panne d’idées, je pense que ce rappel humble est davantage lié à la pression de l’auteur face à son succès grandissant qu’un avertissement quant à sa fin de carrière. Car ces quatre nouvelles ne démontrent aucunement une baisse de qualité, loin de là.
Les codes horrifiques des récits de Ito sont toujours aussi efficaces, que ce soit le destin toujours funeste des héritages familiaux comme l’apparition toujours imprévue d’une horreur tapie dans les recoins des cases… L’imaginaire de Ito n’est pas moribond, soyez en assurés, et sa patte graphique reste toujours aussi percutantes, comme si vous découvriez l’auteur pour la première fois (le travail somptueux sur Le Démon Noir).
Travail d'orfèvre
Une nouvelle fois, côté éditorial, l’ouvrage dépasse le qualitatif, avec toujours une riche postface de Morollian, l’expert du mangaka en France, ainsi qu’une préface de Olivier Ledroit, qui explore les obsessions morbides de l’auteur. Conservé dans un écrin en couverture rigide, nous quittons le vert et le bleu pâle des Chefs dOeuvres pour lorgner vers un somptueux pantone ocre avec pour illustration de couverture, une création de Junji Ito synthétisant tous les récits présents dans le recueil sous la forme d’un seul personnage.
L'ouvrage est disponible juste ici !